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Michèle Rakotoson : lauréate du Prix Orange du Livre en Afrique 2023

Michèle Rakotoson est lauréate du Prix Orange du Livre en Afrique 2023. Le jury a couronné l’écrivaine Malgache pour son roman Ambatomanga, la douleur et le silence (Atelier des nomades), en précisant qu’il « fait résonner le cri des victimes de la guerre coloniale à Madagascar ». Son prix lui a été remis à l’occasion du 13e Salon international du livre d’Abidjan (SILA) qui vient de refermer ses portes dans la capitale ivoirienne.



Le Prix Orange du Livre en Afrique a été créé pour la promotion des talents littéraires d’Afrique francophone et la valorisation des maisons d’édition locales. Depuis 2019, il récompense un roman écrit en français par un écrivain africain, publié par une maison d’édition africaine. C’est ainsi que Djaïli Amadou Amal a été lauréate de la première édition avec Munyal, les larmes de la patience (Éditions Proximité, Cameroun). En 2020, Youssouf Amine Elalamy l’a remporté pour son titre C’est beau, la guerre (Éditions Le Fennec, Maroc). En 2021, Loubna Serraj est couronnée pour son texte Pourvu qu’il soit de bonne humeur (Éditions La Croisée des chemins, Maroc). Et Yamen Manaï est lauréat en 2022 pour son livre Bel Abîme (Éditions Elyzad, Tunisie).


Née en 1948 à Antananarivo, capitale de Madagascar, Michèle Rakotoson est écrivaine, professeur de lettres et journaliste entre autres. Après avoir été enseignante et metteur en scène à Madagascar, elle fuit la répression politique qui y sévit. Elle s’installe à Paris en 1983 et obtient un DEA en sociologie. Dès lors, Michèle Rakotoson travaille notamment pour RFI, RFO et France Culture. À partir de 2008, elle se consacre entièrement à l’Opération Bokiko, un projet qui œuvre pour l’émergence de la littérature et de l’édition malgache. Auteure de plusieurs romans, nouvelles et théâtres depuis 1980, elle reçoit, en 2012, la grande médaille de la francophonie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.


De ce fait, Michèle Rakotoson est une figure emblématique de la littérature malgache. Ce qui lui a valu le titre de commandeur des Arts et Lettres malgaches en 2012. En effet, dans son roman Ambatomanga, la douleur et le silence, elle explore la guerre coloniale à Madagascar à travers deux protagonistes aux destins croisés. Il s’agit de Félicien Le Guen, un jeune officier français qui décide de rejoindre le contingent colonial qui envahit Madagascar en 1895. Et Tavao, un jeune esclave domestique du village Ambatomanga qui décide de rejoindre son maître au combat afin de défendre les terres malgaches, laissant derrière lui sa femme enceinte. Tous deux connaîtront, de manières différentes, la douloureuse expérience de la guerre ; sous les sévices de la maladie du paludisme, la faim, les conditions météorologiques désastreuses, dans des forêts et marécages infestés de moustiques.


Michèle Rakotoson a reçu une dotation de 10 000 euros et son roman connaîtra naturellement une grande campagne de promotion. Mais le jury n’a pas manqué d’apprécier la qualité des productions des quatre autres finalistes : l’Algérien Lamine Benallou (Les Vies [multiples] d’Adam, Éditions Frantz Fanon) ; le Tunisien Bechir Garbouj (La Nuit du doute, Éditions Déméter) ; le Sénégalais Ibrahima Hane (Les dieux de la brousse ne sont pas invulnérables, Éditions L’Harmattan) et l’Ivoirienne Anzata Ouattara (Safora, une vie de tribulations, Éditions Mouna). « Nous avons voyagé dans le temps, dans l’histoire collective et individuelle, sous différents registres et thématiques. C’est à un panorama le plus large possible des différents horizons africains que les écrivains nous ont conviés », déclare-t-il. C’est d’ailleurs pourquoi Ibrahima Hane a reçu une mention pour son roman en lice.  


Pour cette cinquième édition, le jury présidé par Véronique Tadjo était composé de : Yvan Amar (journaliste Radio France) ; Kidi Bebey (journaliste Le Monde, éditrice et auteure, France), Yahia Belaskri (écrivain et journaliste, Algérie) ; Mamadou Camara (nouvelliste et président de l’association « Les vendredis du livre », Sénégal) ; Eugène Ebodé (écrivain, Cameroun), Prudentienne Houngnibo Gbaguidi (vice-présidente de l’AILF, Bénin) ; Valérie Marin la Meslée (journaliste, Le Point, France) ; Nicolas Michel (journaliste Jeune Afrique, France) ; Nétonon Noël Ndékéry (auteur, Tchad) ; Gabriel Mwènè Okoundji (psychologue et poète, Congo) ; Ariane Poissonnier (journaliste RFI, France) et Yamen Manaï (lauréat 2022, Tunisie).


Boris Noah


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